Sous ses petites clochettes blanches synonymes de « retour du bonheur », le muguet du 1er mai est une aberration que nous résumerons en cinq points :
1) Le muguet est une exception juridique. Alors que l’article R644-3 du code pénal interdit toute vente sur la voie publique, la commercialisation de cette fleur bénéficie d’une tolérance spécifique qui permet d’en proposer quelques brins à un tarif prohibitif le temps d’un jour férié.
2) Le muguet est une incongruité historique. Crée par Apollon pour tapisser le sol du mont Parnasse afin que ses chères muses ne se fassent pas mal aux pieds, la fête du muguet a été instaurée par le roi de France en 1561, abolie par les révolutionnaires en 1793 et rétablie par Pétain sous l’Occupation. Et cela ne choque aucun républicain !
3) Le muguet est un paradoxe politique. En 1976 (soit treize ans avant la chute du mur de Berlin), les dirigeants du parti communiste cédaient le brin à 1,7 franc et demandaient à leur bénévoles de le vendre 7 francs. Soit un coefficient multiplicateur de 4,1 qui ferait pâlir d’envie les capitalistes les plus débridés.
4) Le muguet est une bizarrerie botanique. Associées aux larmes de la Madone au pied de la croix, ses grappes blanches sont extrêmement toxiques, voire mortelles. Cela étant, il ne nous viendrait pas à l’idée de boulotter goulument les brins que l’on vient de nous offrir pour fêter l’arrivée du « joli mois de mai ».
5) Le muguet est une extravagance économique. Près de 60 millions de brins sont produits chaque année, dont 80% dans la région nantaise, pour une vente qui dure trois jours. Un caprice météorologique, un aléa logistique, un imprévu et ces centaines de millions de clochettes peuvent s’effondrer lamentablement en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Et pour le coup, les muses d’Apollon ne seront pas de la plus grande utilité…