L’histoire du brie de Meaux, ce fromage à pâte molle et à croûte fleurie de 35 centimètres de diamètre, est indissolublement liée à celle de la monarchie. Né au 7ème siècle au sein de l’abbaye bénédictine de Jouarre (Seine-et-Marne), ce fromage plaisait tant à Charlemagne qu’il exigeait qu’on lui en livre plusieurs dizaines chaque année. Philippe Auguste au 12ème siècle, Charles d’Orléans au 15ème et Henri IV au siècle suivant appréciaient ce fromage à la saveur intermédiaire entre le puissant brie de Melun et le doux brie de Nangis qu’ils en distribuaient à leurs proches au moment des étrennes. Et l’on raconte que c’est à cause des précieuses minutes passées à se goberger de brie de Meaux et de vin rouge que Louis XVI fut arrêté à Varennes…
C’est en 1815 que ce fromage connut son heure de gloire, lors d’un Congrès de Vienne où les plénipotentiaires se remplissaient la panse en même temps qu’ils dépeçaient l’Empire napoléonien. Piqué au vif par Talleyrand, qui vantait la gastronomie française, Metternich, le puissant ambassadeur autrichien, organisa un concours du meilleur fromage qui fut remporté haut la main par le brie de Meaux, couronné « prince des fromages et premier des desserts ». La France était défaite mais l’honneur était sauf et Baulny, qui avait fabriqué ce succulent palet, obtint le titre de Meldois d’honneur. En deux mots et pas en quatre.
Astuce : c’est le moment de manger du brie de Meaux, qui bénéficie – après six à huit semaines d’affinage – de la qualité du lait d’automne, grâce aux pluies de regain synonymes de laits plus riches