Il faut dire les choses comme elles sont : mis à part chez les petites filles de moins de dix ans, le lapin n’est pas un animal populaire. Ce léporidé de l’ordre des lagomorphes dont la race la plus courante est le lapin de garenne (oryctolagus cuniculus) est l’ennemi juré du marin qui jette à la mer celui qui a le malheur de prononcer son nom. Sur terre, il s’avère que ce pauvre mammifère aux longues oreilles n’est pas mieux traité. Non seulement La Fontaine en a fait l’archétype du vantard paresseux, mais en plus l’imagerie populaire brosse de lui un portrait bien sombre.
C’est bien simple, les expressions où il apparaît sont toutes négatives. Loin d’offrir un généreux cadeau, celui qui pose un lapin suscite la déception et la colère de celui qui l’aura attendu et qui sera en droit de lui faire plus tard d’amers reproches, au risque de le voir détaler comme un lapin. En matière conjugale, le chaud lapin a d’autant moins la cote que l’on se moque de la brièveté de ses ébats. Quant à la mère lapine, ce n’est pas non plus un modèle à imiter avec son innombrable marmaille. Enfin, le coup du lapin semble avoir été porté par un ennemi lâche qui frappe par derrière.Il faut réhabiliter le lapin, cet animal fin et savoureux que l’on peut déguster entier ou en morceau, sauté ou en civet, en gibelotte ou en papillote. On peut aussi le préparer avec des condiments qui s’accordent à merveille avec sa chair tendre, délicate et savoureuse comme le cidre et la moutarde, les herbes aromatiques ou les champignons. Il est temps de faire la paix. De lapin.