Parler de betterave en début d’année, alors que l’on vient de se goberger de saumon fumé, de filet de biche, de volaille fine et autres mets délicats, a quelque chose d’inconvenant. Ce légume–racine de la famille des blettes, qui entre dans la composition du bortsch, le potage rustique d’origine ukrainienne, mérite mieux que son nom scientifique de beta vulgaris.
En effet, la betterave est intimement liée à l’histoire de France. C’est parce que Napoléon impose un blocus continental qui interdit l’importation de sucre de canne antillais que la culture de la betterave sucrière prend son essor. Le développement de cette culture au 19ème siècle puis son déclin au lendemain de la Seconde guerre mondiale et son renouveau actuel épousent notre histoire tourmentée. Ces dernières années, la betterave est devenue une des principales sources de biocarburant, incarnant par là même un avenir plus vert pour notre beau pays. Et que dire de la betterave potagère, la crapaudine en particulier, dont le sang irrigue les sillons de l’orléanais et du Pas de Calais, ce qui nous fait furieusement penser aux paroles de la Marseillaise…
Ami lecteur, quand vous avalerez un morceau de betterave, songez qu’elle renferme un morceau d’histoire de France, qui plus est laxatif et au fort pouvoir antioxydant ! Et chantez, la main sur le cœur, la gloire de son sang sucré !