Nonchalamment allongée sur le flanc sur les étals des meilleurs poissonniers, la star des Gambas, la crevette de Madagascar (penaeus monodon) se cabre quand on la compare à ses cousines thaïlandaises et équatoriennes.
Elevée dans des lagunes à fond naturel dans un écosystème préservé située à plusieurs centaines de kilomètres à l’ouest de la capitale malgache, dans des parcs où elles ne sont que six à huit au mètre carré, la giant tiger prawn se nourrit de phytoplancton et de zooplancton qui se développent naturellement dans les bassins. Rien à voir avec les faibles crustacés qui sont nourris aux OGM et aux farines animales dans les immenses fermes aquacoles d’Amérique latine et d’Asie du sud-est, qui vivent à deux cent au mètre carré dans les bassins d’élevage et sont gorgés d’antibiotiques pour prévenir les maladies.
C’est d’ailleurs pour cela qu’une entreprise française, OSO, qui appartient au groupe R&O Seafood gastronomy, a obtenu le label agriculture biologique en 2007. Avec son principal concurrent Unima, qui a le label rouge depuis 2004, ils ne produisent que 8.000 tonnes par an, soit 1% du marché. Habituée des meilleures tables, la penaeus monodon se targue en outre d’être éthiquement responsable : grâce à elle, un village de 2.000 habitants s’est crée et une centaine d’enfants sont scolarisés dans une charmante petite école. Seule contrepartie, cette crevette coûte en moyenne 30% de plus que les autres. « La qualité a un prix », glisse-t-elle en lissant ses antennes.