On est injuste avec la seiche (sepia officinalis), ce décapode – c’est-à-dire qu’elle a dix bras, dont deux plus long qui lui servent à capturer ses proies – que l’on mâche négligemment au cours d’un repas provençal ou armoricain. Sous prétexte qu’elle appartient à la famille des céphalopodes, ce qui signifie littéralement « les pieds sur la tête », on a tendance à le traiter par dessus la jambe…
C’est regrettable car elle est pleine de ressources en dehors de son encre noire qu’elle projette pour confondre ses ennemis (et enchanter les amateurs de risotto) et de cette coquille interne improprement appelée « os de seiche » qui lui sert de flotteur. Tout d’abord la seiche – dont il existe 116 espèces au noms charmants comme seiche hameçon, seiche petites mains et seiche pharaon – a de très bons yeux grâce auxquels elle peut voir vers l’avant mais aussi vers l’arrière, ce qui est très pratique quand on est tantôt prédateur, tantôt proie. Ensuite, la seiche est dotée de chromatographes qui lui permettent d’autant mieux de se confondre avec son environnement qu’ils sont dirigés par son cerveau, remarquablement développé pour un invertébré. Car la seiche est très intelligente, au point qu’on lui prête des qualités d’apprentissage et de mémorisation. C’est pourquoi nous proposons une nouvelle orthographe pour les techniques utilisées par les cancres pour tricher, désormais rebaptisées anti-seiches !