Comme Obélix, Laurent Cazottes, 40 ans, est tombé dedans quand il était petit, même si ce n’est pas d’une marmite de potion magique dont il s’agit mais d’un alambic dont il extrait des nectars éthérés qui font rosir les joues des plus jeunes et danser les plus guillerets.Dès l’enfance, il suit son père, Jean, qui fait la tournée des villages depuis 1957 pour y distiller les fruits gorgés de sucre des paysans tarnais. Après un BTS en viticulture œnologie et quelques stages qui l’emmènent jusqu’en Californie, Laurent Cazottes rejoint l’exploitation familiale de Villeneuve-sur-Vère en 1998 pour la conduire dans une toute nouvelle direction avec le soutien de son père.
Désormais, l’alambic sera à demeure, ce qui permet à Laurent Cazottes de distiller ses propres fruits tout en gardant une clientèle d’agriculteurs qui viennent parfois de loin pour distiller leur production. Quinze ans plus tard, le verger compte 400 poiriers et 90 pruniers de reine-claude dorée ainsi que 1.000 mètres de haies champêtre où l’on peut débusquer des guigniers, du sureau, des prunelliers et des cognassiers sauvages dont il extrait la substantifique moelle.
Laurent Cazotte distille avec une ligne de conduite simple : le fruit, rien que le fruit. Quand d’autres se contentent d’engouffrer des poires, des pommes et des mirabelles sans ménagement, il épluche patiemment. « Nous retirons les queues, les calices et les pépins des poires et les queues et les noyaux des reines-claudes ». Si l’on songe qu’il y a près de sept poires et trente prunes au kilo, cela représente un travail colossal. Mais un travail payant : « on perd en intensité ce que l’on gagne en vérité », confie-t-il.
Ajoutez à cela que ses spécialités (dont une étonnante liqueur de tomate issue de 72 variétés) sont élaborées sans filtration et sans aucune adjonction aromatique, artificielle, synthétique ou conservatrice, on comprend que l’on trouve les flacons estampillés Cazotte chez les meilleurs cavistes et dans des restaurants étoilés comme l’Arpège, Apicius ou Guy Savoy à Paris ainsi que chez Michel et Sébastien Bras, à Laguiole. Un succès mérité pour un apôtre de la pureté.